Nous publions ici, sous forme d'article, l'avant-propos à notre brochure sur le bonapartisme.
Les deux articles qui composent cette brochure ont été rédigés en janvier et avril 2025. Le premier analyse le phénomène complexe du « bonapartisme », lorsque « l’axe véritable [d’un] gouvernement passe par la police, la bureaucratie, la clique militaire » (Trotsky). Le deuxième article reprend ce thème sous l’angle du programme révolutionnaire des marxistes et des « revendications démocratiques » qu’ils doivent défendre.
L’occasion d’aborder ces questions importantes – et même cruciales – nous a été donnée par la position singulière de Révolution permanente, une organisation qui se réclame du marxisme et a acquis une certaine notoriété, ces dernières années.
Ses dirigeants affirment que nous serions menacés à court terme, en France, par un « saut bonapartiste », c’est-à-dire par l’instauration d’un régime dans lequel les éléments de la démocratie bourgeoise sont éliminés ou, du moins, réduits au rang de simple décorum. Parfois, ils affirment carrément que le régime présidé par Macron est déjà bonapartiste. En lien direct avec cette position, Révolution permanente axe son programme politique sur des « revendications démocratiques » qui ne sortent pas du cadre d’une « large » démocratie bourgeoise : fermeture du Sénat, de l’Elysée et du Conseil constitutionnel, Assemblée unique élue pour deux ans en lieu et place du Parlement actuel, etc.
Le Parti Communiste Révolutionnaire considère cette position comme totalement erronée.
Certes, la bourgeoisie française attaque sans cesse nos droits démocratiques. Le mouvement ouvrier doit se mobiliser massivement pour défendre ces droits – et même les élargir. Mais comme l’expliquent en détail les deux articles de cette brochure, ce qui caractérise la situation actuelle, en France, ce n’est pas la menace d’un « saut bonapartiste ». Le rapport de forces entre les classes ne permet pas à la bourgeoisie de s’orienter vers un régime militaro-policier, du moins pas à court terme.
Par ailleurs, l’axe central d’un programme révolutionnaire, aujourd’hui, ne doit pas consister en « revendications démocratiques » du type de celles que défend Révolution permanente. Il doit consister dans la conquête du pouvoir par la classe ouvrière, l’expropriation de la grande bourgeoisie et la réorganisation de la société sur des bases socialistes. Les revendications sociales et démocratiques d’un programme marxiste – ses « revendications transitoires », comme les appelait Trotsky – doivent être subordonnées à l’objectif central des communistes : le renversement du capitalisme et son remplacement par une planification démocratique de la production.
Telles sont les conclusions générales auxquelles parviennent les deux articles de cette brochure, qui s’efforcent d’appliquer la méthode marxiste aux développements concrets de la lutte des classes en France. Il ne s’agit pas d’un exercice académique ou d’un jeu polémique. Il s’agit de comprendre les tendances fondamentales de notre époque et les tâches qu’elle fixe à tous ceux qui luttent pour la transformation socialiste de la société.

