Ces dernières années, les grandes places boursières ont atteint des sommets. Le Nasdaq, qui regroupe les principales valeurs technologiques américaines, affiche une progression de 115 % sur trois ans. Depuis la crise mondiale de 2008, il n’y a jamais eu un tel décalage entre l’optimisme apparent des marchés financiers et le marasme dans lequel est plongée l’économie : les tensions protectionnistes perturbent les échanges mondiaux, les dettes publiques atteignent des records, la croissance est en berne, l’inflation persiste…

Course aux profits

La dynamique actuelle des marchés boursiers repose essentiellement sur les grandes entreprises du secteur de l’intelligence artificielle (IA). Elles représentent 80 % de la hausse enregistrée en 2025. Cependant, de telles valorisations sont complètement déconnectées de la réalité : elles ont un caractère éminemment spéculatif.

Pour les capitalistes, investir dans les actions d’une entreprise revient – en théorie – à acheter une part de ses bénéfices futurs. La valeur des actions est donc censée refléter la capacité de l’entreprise à réaliser des profits. Pour comparer les valeurs boursières, les investisseurs utilisent un indice reflétant le rapport entre le prix des actions et les profits réels réalisés par l’entreprise. A Wall Street, cet indice fluctue normalement entre 10 et 20. A la veille du krach d’octobre 1929, il avait atteint 31. Aujourd’hui, il s’établit à 40.

Pour certaines entreprises liées à l’IA et aux nouvelles technologies, ce chiffre est encore plus élevé. Tesla affiche un indice de 240, Nvidia de 60 et Palantir de 700 ! Tout ceci n’a plus rien à voir avec la profitabilité réelle des entreprises en question. Simplement, les hausses alimentent les hausses, et tant que cette orgie continue, personne ne veut abandonner la partie… Jensen Huang, cofondateur de Nvidia, a empoché plus de 20 milliards de dollars sur la seule année 2025. En 2024, le patrimoine d’Elon Musk a augmenté de 188 milliards de dollars. Et ainsi de suite.

Manque d’investissement

Si l’on en croit les partisans du capitalisme, ces énormes profits devraient déboucher sur des investissements dans l’économie réelle. Après tout, s’il y a tant d’argent à gagner, pourquoi ne pas développer la production ? Mais les capitalistes ne produisent ni pour le plaisir, ni pour répondre à des besoins. Pour réaliser un profit, ils doivent vendre – au-dessus d’un certain prix – les marchandises produites. Or, dans un contexte où les marchés sont déjà saturés, les entreprises n’ont pas intérêt à se lancer dans de nouveaux projets, c’est-à-dire dans de grands investissements productifs.

Depuis la crise de 2008, il y a une stagnation de la part de l’investissement dans l’ensemble des richesses créées. L’investissement en « capital constant » (bâtiments, machines, outils, etc.) stagne également. En conséquence, la productivité du travail marque le pas. Aux Etats-Unis, elle stagne depuis 2013. En Europe, la productivité n’a plus progressé depuis 2008, et elle baisse depuis 2022.

Surproduction

Si les capitalistes n’investissent pas, c’est parce que la saturation des marchés mine les perspectives de croissance. Dans la métallurgie, la « surcapacité » productive – à l’échelle mondiale – devrait atteindre 680 millions de tonnes d’acier pour la période de 2025-2027, selon les experts de l’OCDE. Ils anticipent plus de 60 000 suppressions d’emploi dans l’automobile en Europe, du fait de la chute des ventes. De manière générale, le taux d’utilisation des capacités productives, dans l’industrie, est d’environ 77 %, alors qu’il était de 87 % dans les années 1960.

Une remarque s’impose : un grand nombre de besoins élémentaires ne sont pas satisfaits ; et pourtant, les marchés ne progressent plus. Nous touchons ici à l’une des principales contradictions du capitalisme : la tendance à l’expansion illimitée des forces productives s’y heurte inévitablement aux limites du marché, c’est-à-dire à l’incapacité des consommateurs (dont la grande majorité sont des salariés) à acheter l’ensemble des produits déversés sur les marchés. Quand les travailleurs sont toujours plus exploités et que les capitalistes s’approprient une part toujours croissante des richesses créées, qui peut acheter toutes les marchandises qui sont produites ? Or si les consommateurs n’achètent pas, les producteurs ne peuvent pas vendre. Et si les entreprises ne peuvent pas vendre, elles n’investissent pas.

Crédit et endettement

Bien sûr, il existe des moyens de retarder l’éclatement des crises. Le premier est le crédit à la consommation, qui permet d’accroître artificiellement le pouvoir d’achat. Mais le recours au crédit a ses limites : en fin de compte, l’emprunteur doit rembourser le prêt, avec des intérêts. Le crédit augmente la demande au détriment de la consommation future – et finit donc par représenter une menace. C’est d’ailleurs le non-remboursement de crédits immobiliers à risque qui fut à l’origine, en 2008, de la plus grave récession de l’histoire du capitalisme depuis les années 1930.

Depuis 2008, le problème prend une forme différente, mais se pose dans les mêmes termes. Le crédit privé qui se développe en dehors des banques traditionnelles a pris des proportions inquiétantes. Alors qu’ils s’élevaient à un peu plus de 300 milliards de dollars en 2010, les montants levés par ce « shadow banking » ont dépassé les 1700 milliards en 2024. En prêtant à des acteurs non solvables, qui ne seront pas en mesure de rembourser les prêts, ces systèmes de crédit parallèle mettent en danger l’ensemble du système financier.

Pour conjurer les crises, les classes dirigeantes ont aussi recours aux dettes publiques. Depuis la récession mondiale de 2008, les Etats ont dépensé des milliers de milliards d’euros et de dollars pour soutenir les banques et les grandes entreprises. Ces mesures « d’urgence » ont redoublé d’ampleur lors de la pandémie de Covid-19. Par exemple, l’actuel plan de relance américain s’élève à 5000 milliards de dollars !

Avec l’aide des Banques centrales, les Etats ont fait « marcher la planche à billets » pour financer leurs dépenses, ce qui s’est traduit par des niveaux records d’endettement public. A l’échelle mondiale, la dette publique est passée de 61,2 % du PIB en 2007 à plus de 90 % aujourd’hui.

Le système actuel est dans une impasse ; la société ne progresse plus. Les « solutions » de la bourgeoisie ont toutes échoué. Seule une minorité de milliardaires ont profité des politiques économiques des dernières décennies.

La progression actuelle des marchés boursiers est insoutenable, compte tenu de la dynamique réelle de l’économie mondiale. Tôt ou tard, une « correction » brutale est inévitable. Au vu des niveaux d’endettement (public comme privé), la classe dirigeante ne pourra plus aussi facilement amortir la crise en s’endettant, comme elle l’a fait en 2008 et en 2020. Pour défendre ses profits, elle devra attaquer toujours plus frontalement les conditions de vie des travailleurs. Les mesures réformistes visant à brider les « excès » du capitalisme seront sans issue. Les travailleurs devront renverser ce système et réorganiser l’économie sur des bases socialistes.



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