mineurs de Marikana

Le 16 août dernier, 34 mineurs grévistes étaient abattus par la police sud-africaine lors d’une manifestation à Marikana [1]. La responsabilité de l’African National Congress (ANC, au pouvoir depuis la chute de l’apartheid) est écrasante. Le président Jacob Zuma, dirigeant de l’ANC, a ainsi condamné les « violences » des mineurs et appelé la police à user de tous les moyens pour y mettre fin, comme si ce n’était pas la police qui avait tué 34 personnes. Dans un communiqué publié le 14 août, le Parti Communiste Sud-africain, qui est membre de l’ANC, demandait à la police « d’agir avec rapidité » pour rétablir l’ordre et comparait les grévistes à des « hooligans ayant remplacé la raison et le dialogue par des balles ». Quant au syndicat majoritaire COSATU, lié à l’ANC, et dont un ancien dirigeant est aujourd’hui membre du conseil d’administration de la société propriétaire de la mine, sa direction a soutenu la répression et a appelé à l’arrestation des dirigeants syndicaux qui ont organisé la grève.

Face à une situation pareille, on aurait pu s’attendre de la part de la direction du Parti Communiste Français à un soutien sans appel aux grévistes et à une condamnation des responsables du massacre, au minimum. Or le communiqué officiel du PCF s’est révélé très en dessous de ces modestes attentes (voir ici : Afrique du Sud : le PCF exprime son indignation et son horreur devant le massacre de mineurs grévistes). En effet, si les violences sont condamnées, leurs auteurs ne le sont pas puisque Jacob Zuma y est présenté comme « choqué » par le massacre (alors qu’il l’a appelé de ses vœux) et que la création d’une commission d’enquête y est annoncée sans autres commentaires, alors qu’il est clair qu’elle ne servira qu’à blanchir les coupables. Par ailleurs, le communiqué du PCF se conclut en « réaffirmant sa solidarité avec l’ensemble des forces politiques et syndicales d’Afrique du Sud dans leur lutte pour réduire les inégalités, pour le progrès et la justice sociale, dans un véritable Etat de droit ». Comment ça, « l’ensemble des forces politiques » ? Même en oubliant que cet « ensemble » inclut donc logiquement les partis de droite et d’extrême droite, racistes et nostalgiques de l’apartheid, on ne peut que regretter une telle confusion. En effet, cela implique en substance que les grévistes ayant échappé au massacre se réunissent avec les assassins de leurs camarades pour avancer ensemble vers plus de justice sociale et un « véritable Etat de droit » ! Il s’agit là d’une complète négation de l’idée de lutte des classes, puisque patrons assassins et ouvriers assassinés sont, d’après ce communiqué, sensés pouvoir se mettre d’accord pour construire ensemble (sur la base du capitalisme) un « véritable Etat de droit » (bourgeois).

Pourquoi la direction du PCF a-t-elle publié un communiqué aussi ambigu ? Ignore-t-elle les faits ? Nous ne le pensons pas. Il est plus probable qu’elle a sciemment cherché à ménager la direction de l’ANC, avec laquelle elle entretient les rapports les plus fraternels. Nous ne voyons pas d’autres raisons – et c’est une bien mauvaise raison !

Notes

[1] Pour plus d’informations sur ce massacre et ses circonstances, lire l’article Le massacre de mineurs grévistes en Afrique du Sud

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