Dans une indifférence médiatique quasi-générale, la Corne de l’Afrique (Somalie, Ethiopie et Kenya) est frappée par une crise humanitaire extrêmement sévère, où se mêlent réchauffement climatique, guerres civiles et extrême pauvreté. La bourgeoisie occidentale détourne son regard de cette catastrophe, comme s’il ne se passait rien – et comme si elle n’y était pour rien.

Les causes de la catastrophe

En 2020, en pleine crise sanitaire, le directeur exécutif du Programme Alimentaire Mondial prévenait que la baisse de l’aide internationale (sur fond de récession économique), combinée aux catastrophes naturelles, aux guerres et à la pauvreté croissante, allait provoquer la situation dans laquelle est désormais plongée la Corne de l’Afrique.

Cette région connaît sa plus longue et sa plus grave sécheresse depuis des décennies. Cela fait cinq années consécutives que les pluies sont très insuffisantes. Des millions de têtes de bétail sont mortes et de nombreuses récoltes ont été détruites. Des millions de personnes ont été forcées à l’exil. Plus de 36 millions de personnes sont confrontées à une « insécurité alimentaire grave », dont la moitié de la population somalienne.

La situation a été aggravée par des guerres civiles et des conflits dans toute la région. Pendant deux ans, le président éthiopien Abiy Ahmed a mené une guerre contre les provinces du Tigré, coupant leur accès à l’aide alimentaire. Selon les estimations, 600 000 civils sont morts, dont des centaines de milliers ont été délibérément affamés. Les bourgeoisies occidentales sont très embarrassées pour en parler, car elles ont couronné Abiy d’un prix Nobel de la Paix juste avant le début de la guerre.

Impérialisme

Cette situation est la conséquence de décennies de domination impérialiste de cette région. A la suite d’une série de privatisations, des multinationales se sont accaparé ses ressources naturelles. Elles ont réalisé des superprofits en ayant recours au travail des enfants et en payant des salaires de misère aux travailleurs locaux. Les eaux somaliennes, qui sont parmi les plus abondantes au monde, ont été exploitées illégalement par les entreprises européennes et asiatiques, au détriment des petits pêcheurs locaux. Nombre d’entre eux ont dû se tourner vers la piraterie pour survivre.

Afin de détourner l’attention, les puissances impérialistes exhibent les milliards de dollars qu’elles « donnent » à l’Afrique sous forme d’aide humanitaire. Mais cela ne trompe personne. Les multinationales engrangent des milliards de profits en pillant les ressources du continent, puis jettent quelques miettes sous la table sous forme d’« aide ».

L’année dernière, l’ONU s’était donné pour objectif de lever 3,7 milliards de dollars pour atténuer la famine dans la région. A la fin de l’année, elle n’en avait levé que la moitié. A titre de comparaison, les impérialistes ont déjà investi quelque 100 milliards de dollars dans la guerre en Ukraine. Selon le Programme Alimentaire Mondial, il en faudrait 10 fois moins pour nourrir tous ceux qui meurent de faim à travers le monde, cette année.

Sous le capitalisme, il y a toujours de l’argent pour la guerre, pour sauver les banques et subventionner les grandes entreprises. Mais il n’y a plus rien quand il s’agit de lutter contre la faim, l’extrême pauvreté et le changement climatique.

Changement climatique

Sous l’impact du changement climatique, la Corne de l’Afrique se trouve dans une situation inédite. Et le pire est encore à venir.

L’année dernière, la sécheresse a eu des effets dévastateurs aux quatre coins du monde : incendies, pénuries, inondations, etc. Un rapport de l’ONU estime que de vastes régions de l’Afrique et de l’Asie pourraient devenir inhabitables d’ici la fin du siècle.

Ceux qui sont responsables du changement climatique ne sont pas ceux qui en subissent les conséquences. Les millions de personnes qui sont frappés par la famine ne portent aucune responsabilité dans la catastrophe qui s’abat sur elles.

Si rien n’est fait, c’est parce que les investissements requis ne seraient pas « profitables ». A l’inverse, sur la base d’une économie socialiste, il serait possible de réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre et de mettre en place des mesures adéquates pour inverser le cours des choses.

Il faut une révolution !

Le Programme Alimentaire Mondial, comme toutes les autres formes d’aide humanitaire, ne vaut pas mieux qu’un pansement sur une blessure par balle. Pour la bourgeoisie internationale, ce n’est qu’une façon de faire bonne figure face à une situation dont elle est responsable.

L’humanité produit déjà de quoi nourrir la population mondiale et subvenir à ses besoins les plus élémentaires. Mais seule une économie planifiée à l’échelle mondiale serait en mesure d’acheminer les ressources là où elles sont nécessaires. Sur cette base, nous pourrions également réaliser les énormes investissements requis pour faire face au changement climatique.

Tant que les capitalistes resteront maîtres de la société, ils continueront à diriger le monde comme un immense casino, nous conduisant encore plus loin sur la voie de la famine et des catastrophes environnementales.

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