Mardi 9 septembre, l’aviation israélienne a bombardé Doha, la capitale du Qatar, pour essayer de tuer plusieurs dirigeants du Hamas.L’émirat joue un rôle d’intermédiaire central dans les négociations pour un cessez-le-feu à Gaza. Le Qatar rejoint ainsi la Syrie, le Liban, le Yémen et l’Iran dans la liste des pays du Moyen-Orient qui ont été bombardés ou envahis par Israël depuis le 7 octobre 2023. Tout ceci avec la complicité des puissances impérialistes occidentales, qui apportent aussi leur soutien au génocide des Gazaouis.

Hypocrisie des impérialistes européens

Dès l’annonce du bombardement de Doha, on a assisté à un concert de condamnations hypocrites de la part des gouvernements impérialistes occidentaux. Emmanuel Macron a dénoncé des « frappes israéliennes [...] inacceptables »… Mais plusieurs entreprises françaises du secteur de l’armement continuent de fournir des composants et des pièces détachées à l’armée israélienne, avec l’approbation du gouvernement français.

Keir Starmer, le premier ministre britannique, a lui condamné une attaque qui « viole la souveraineté du Qatar et fait courir le risque d’une escalade dans toute la région ». Il n’empêche que des avions britanniques mènent des vols de reconnaissance au-dessus de Gaza pour repérer des cibles pour les bombardements israéliens.

Les armées de l’air française et britannique sont aussi intervenues directement pour aider à intercepter des drones iraniens dirigés contre Israël, après que le gouvernement de Benjamin Netanyahou ait déclenché une guerre d’agression contre l’Iran, au mois de juin.

La France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne et de nombreux autres pays européens répriment toujours le mouvement de solidarité avec la Palestine. Le gouvernement de Keir Starmer a interdit le collectif Palestine Action, sous le prétexte fallacieux qu’il s’agirait d’une organisation « terroriste ». Plusieurs centaines de personnes ont été arrêtées pour avoir protesté contre cette interdiction. En France, des militants sont toujours poursuivis pour « apologie du terrorisme », car ils ont exprimé leur solidarité avec les Palestiniens massacrés par l’Etat sioniste.

Divisions en Israël

Cette nouvelle provocation du régime sioniste s’explique, comme les précédentes, par l’impasse dans laquelle se trouve le gouvernement de Benyamin Netanyahou. La guerre à Gaza n’a atteint aucun de ses objectifs déclarés : les otages n’ont pas été libérés et le Hamas n’a pas été anéanti.

La guerre suscite une contestation de plus en plus importante. Le 21 août, un million d’israéliens (près de 10 % de la population) sont descendus dans les rues pour protester contre l’intention du gouvernement d’occuper durablement la bande de Gaza, ce qui condamnerait de facto à mort les quelques dizaines d’otages israéliens survivants.

Malgré la destruction à grande échelle de la bande de Gaza, le Hamas continue à résister et à porter des coups meurtriers aux troupes sionistes. 850 soldats israéliens ont été tués et près de 15 000 blessés depuis le 7 octobre 2023. A ces pertes viennent s’ajouter les témoignages de soldats israéliens revenant de Gaza et décrivant les crimes de guerre auxquels ils ont assisté ou participé.

L’impact de cette situation sur le moral de l’armée israélienne est dévastateur. Le nombre de réservistes et de conscrits qui refusent de servir est plus élevé qu’il ne l’a été depuis l’invasion du Liban et les massacres de Sabra et Chatila en 1982. Alors qu’au début de la guerre, le taux de réponse des réservistes appelé à servir était de 120 %, il n’était plus cet été que de 60 %. Des lettres ouvertes appelant à la fin de la guerre ont été signées par des milliers de soldats israéliens.

Même une partie de la bourgeoisie israélienne souhaite mettre fin à cette guerre, qui a ravagé l’économie d’Israël et qui menace de diviser le pays de façon irrémédiable. Le mythe de la forteresse assiégée, « seul espoir des Juifs du monde entier » et « seule démocratie du Moyen-Orient », est le principal outil qu’utilise la classe dirigeante israélienne pour conserver son influence sur la classe ouvrière. La poursuite de la guerre fragilise chaque jour davantage ce « consensus national ».

Netanyahou

Mais Netanyahou est un homme en sursis. Si la guerre s'arrête, il y aura des élections, qu’il perdra très probablement. Privé de son immunité ministérielle, il devra répondre de plusieurs affaires de corruption. Son gouvernement ne tient que grâce à l’appui des partis ultra-sionistes, qui veulent exterminer ou déporter les Gazaouis et annexer Gaza et la Cisjordanie (pour commencer).

Pris dans l’impasse d’une guerre qu’il ne peut gagner seul, mais à laquelle il ne peut mettre fin sans mettre fin à sa carrière politique, Netanyahou cherche donc à prolonger indéfiniment le conflit, mais aussi à l’étendre à d’autres pays, pour obliger les Etats-Unis à intervenir directement et l’aider à écraser les Palestiniens.

C’est ce qui a motivé la guerre d’agression qu’il a déclenché contre le Liban en septembre dernier ou contre l’Iran au mois de juin. Le bombardement de Doha répond à la même logique. En essayant de tuer les négociateurs du Hamas, Netanyahou cherche à empêcher tout accord de cessez-le-feu à Gaza et à semer le chaos dans la région, pour obliger les impérialistes américains à venir à son secours.

Les contradictions des impérialistes

Netanyahou a systématiquement reçu le soutien des puissances impérialistes – dont les dirigeants condamnent par des mots plus ou moins durs ses manœuvres bellicistes, mais continuent à lui fournir les armes et les munitions sans lesquelles l’armée israélienne serait paralysée.

Les impérialistes américains – mais aussi français, britanniques, etc. – sont eux aussi placés devant un dilemme. La politique de Netanyahou met en danger leurs positions impérialistes dans la région. Le bombardement de Doha a par exemple suscité la stupeur des dirigeants qataris qui croyaient pouvoir compter sur la protection des Etats-Unis, qui disposent d’une base militaire dans leur pays. Le fait que Trump ait, soit approuvé, soit laissé s’accomplir le bombardement israélien ne peut que pousser le Qatar à se tourner vers d’autres protecteurs impérialistes, comme la Chine par exemple. Le même problème se pose pour tous les pays alliés des Etats-Unis dont le régime est fragilisé par la poursuite de la guerre contre Gaza, qu’il s’agisse de la Jordanie ou de l’Egypte.

La poursuite de la guerre menace aussi les investissements occidentaux dans la région. Les bombardements israéliens au Liban ou en Syrie font par exemple planer une épée de Damoclès sur la rentabilité des considérables investissements français dans ces deux pays. C’est sans parler du risque que représenterait une guerre régionale au Moyen-Orient pour l’économie mondiale, déjà en mauvais état.

Par ailleurs, le génocide de Gaza et la complicité des dirigeants occidentaux nourrit aussi la colère croissante dans les pays impérialistes eux-mêmes, particulièrement parmi la jeunesse.

Pourtant, les impérialistes occidentaux ont besoin d’Israël, qui reste leur plus solide allié dans la région. Ils continuent donc à lui apporter leur soutien, quitte à faire courir le risque d’un embrasement régional et, chemin faisant, affaiblir encore un peu plus leur autorité sur leurs autres alliés dans la région.

L’impérialisme n’a rien à offrir au Moyen-Orient qu’une horreur sans fin. Seule la révolution socialiste peut enrayer cette plongée vers la barbarie et la guerre.

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